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Malgré le confinement, Tim continue sa performance, seul et immobile dans un musée fermé

Malgré le confinement, Tim continue sa performance, seul et immobile dans un musée fermé

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© Mona

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Par Lise Lanot

Publié le

Six heures par jour, Tim s'assoit, immobile, au Mona. Rien, même pas le confinement, ne l'empêchera de poursuivre sa performance.

En neuf ans, Tim a passé plus de 3 500 heures assis, immobile et sans dire un mot, au Mona, le Museum of New and Old Art de Tasmanie, cet État insulaire situé au large de la côte sud de l’Australie. L’homme, originaire de Zurich, y présente chaque jour, du mercredi au lundi, son dos tatoué par l’artiste belge Wim Delvoye.

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Après avoir subi plus de 40 heures de travail sur le dos, celui-ci est devenu une œuvre d’art. Œuvre achetée 150 000 euros par le collectionneur allemand Rik Reinking : “Ma peau appartient à Rik Reinking maintenant”, soutient Tim. “Mon dos est la toile, je ne suis qu’un cadre temporaire.” Et en effet, à la mort de Tim, la peau de son dos sera restituée à son propriétaire, le collectionneur allemand.

© Mona

En attendant, le travail de Tim (qui a reçu 50 000 euros pour la transaction) consiste à présenter cette toile épidermique trois fois par an dans un musée. Depuis 2011, c’est au Mona qu’il s’assoit six heures par jour devant un public qui le prend parfois pour une sculpture.

Une expérience à suivre en direct

Depuis le mois de novembre, précise le Guardian, Tim avait entamé une nouvelle saison. Entre-temps, la population australienne a dû se confiner et les musées ont fermé. Pour autant, les œuvres n’ont pas quitté l’enceinte des musées, et Tim a donc décidé de poursuivre sa performance, visible en direct sur le “Tim live stream”.

L’expérience est devenue encore plus spirituelle pour Tim, qui passe désormais ses journées dans la pénombre, impassible dans un musée vide. Il refuse catégoriquement de se considérer comme un artiste : “Je suis juste un mec normal de Zurich qui s’assoit sur une boîte grâce à Wim Delvoye. Tout cela ne fonctionne que grâce à moi mais, en même temps, je n’y suis pour rien”, affirme-t-il dans une vidéo.

© Mona

S’il écarte également l’appellation de “performance artistique” pour définir son travail, il insiste tout de même sur l’exigence que demande cette activité :

“Je vais au musée avant 7 heures du matin et il faut que je m’entraîne, que je fasse du yoga, que je médite, que je fasse une grande palette d’exercices pour ensuite pouvoir ne rien faire. […] Je ne serais pas la même personne aujourd’hui si je n’étais pas resté assis 3 500 heures dans ma vie. Je suis le premier à me rendre compte de l’absurdité de ce que je fais. Mais, en même temps, personne au monde ne peut partager ça avec moi, personne ne peut dire : ‘Je sais ce que tu vis, j’ai vécu la même chose.'”

Tim refuse toute interview. Pour lui, l’œuvre (son dos) parle d’elle-même. Seul, au milieu de la Tasmanie, il affirme cependant que l’art peut continuer de vivre même en pleine période de confinement, alors même que les musées sont fermés.

Le “Tim live stream” est à suivre en direct jusqu’au 30 avril 2020.