Philip Righter, le faussaire qui a imité Andy Warhol et Basquiat, a plaidé coupable

Philip Righter, le faussaire qui a imité Andy Warhol et Basquiat, a plaidé coupable

Image :

© Mike Von/Unsplash

photo de profil

Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le

Après avoir amassé six millions de dollars, le faussaire américain est passé aux aveux et risque gros.

Entre 2015 et 2018, un Californien a joué avec le feu dans l’intrépide monde de l’art contemporain. Ce grand téméraire, c’est Philip Righter, un faussaire qui a imité des œuvres d’Andy Warhol, de Jean-Michel Basquiat, de Keith Haring et de Roy Lichtenstein. Au fil de ses escroqueries, il a récolté plus de six millions de dollars à grand renfort de fausses signatures, authentifications, gravures, certificats et tampons.

À voir aussi sur Konbini

Le criminel, âgé de 43 ans, a utilisé ces répliques pour garantir ses nombreux crédits – dettes auprès de particuliers qu’il n’a jamais remboursées ; a fait de fausses déclarations de vol d’œuvres d’art coûteuses pour faire jouer ses assurances et empocher plus de 50 000 dollars ; et a donné de fausses peintures à des associations caritatives pour profiter de plus de 100 000 dollars de défiscalisation.

Rappel des faits

En 2016, Philip Righter utilise son propre nom pour vendre des tableaux. Au moment où il tente d’escroquer une galerie d’art à Miami, le FBI s’intéresse à sa petite arnaque. Après sa déposition, l’escroc prend la décision d’arrêter de signer ces œuvres en son nom et se met à imiter le style et les signatures de grands maîtres. Au passage, il change régulièrement d’identité et atteste à ses “client·e·s” avoir touché un héritage d’œuvres d’art que sa grand-mère possédait.

La même année, il obtient un prêt de 24 000 dollars en prenant un faux dessin de Basquiat comme garantie. Le particulier qui lui avait prêté l’argent a mis aux enchères ledit dessin, et la maison de vente aux enchères a dû refuser son authentification, arguant que c’était un faux. Righter y prend goût et finit par accumuler des millions de dollars. Au total, il aura fait perdre au moins 758 000 dollars aux personnes arnaquées.

En août 2019, il est arrêté la main dans le sac : il essayait cette fois-ci de vendre une contrefaçon à un million de dollars, à une galerie, via eBay. Selon les expert·e·s, le monde de l’art connaît une recrudescence de fraude car les ventes en ligne facilitent ce marché illégal. Les techniques d’estampes se sont également améliorées.

Le procès

Le 12 mars dernier, son procès a eu lieu dans une cour fédérale de Floride. Par l’État de Floride, il était accusé d’hameçonnage et d’usurpation d’identité avec circonstances aggravantes pour la vente de contrefaçons. L’État de Californie l’accusait plus précisément d’avoir imité des œuvres de Jean-Michel Basquiat, de Keith Haring, d’Andy Warhol et de Roy Lichtenstein. Righter a plaidé coupable pour ces trois chefs d’accusation.

Concernant l’affaire californienne, le coupable a admis qu’il utilisait de fausses œuvres d’art pour prendre des prêts, qu’il fraudait aux impôts en falsifiant les justificatifs demandés pour sa défiscalisation. Le 18 mai prochain aura lieu sa condamnation, toujours dans l’État de Floride où il est détenu. Les documents de l’affaire californienne sont en cours de transfert au gouvernement fédéral floridien.

D’après Artnews, Righter devra “verser une pleine restitution aux victimes des infractions pour lesquelles [il] plaide coupable”, et le tribunal “peut [lui] ordonner de verser une restitution sous forme d’impôts, de dédommagements et de pénalités supplémentaires qu'[il] devra aux États-Unis”. Il risque jusqu’à 25 ans de prison.

Une fausse peinture signée Jean-Michel Basquiat, vendue par Philip Righter. (© US District Court for the Central District of California)